Que l'on remonte à l'affaire
de Malik Oussekine (Paris, 1986) dont la mobilisation a conduit à la dissolution
immédiate des pelotons de voltigeurs mobiles, à celle d'Aïssa Ihich (Mantes-la
Jolie, 1991) mort au commissariat de Mantes-la-Jolie, entrainant une réforme de
la garde à vue donnant le droit à la présence d'un avocat dans la première heure,
ou encore à celle de Mohamed Saoud (Toulon, 1998), mort lors d'une interpellation
policière, qui avait valu à la France une condamnation par la Cour Européenne
des Droits de l'Homme (arrêt du 9 octobre 2007), faisant constater une “violation
du droit à la vie”, nous constatons que seule la mobilisation paie pour que ces
affaires ne soient pas enterrées.
Nous ne
crions pas au racisme. Et obtenir “Justice” ne sera pas simplement la lutte dans
laquelle on voudra bien nous cantonner. Nous connaissons bien le couple “Police-Justice”
(un soutien sans faille pour “le meilleur et pour le pire”) et nous n'acceptons
pas les messages de cette Justice qui, au travers de ses verdicts cléments, démontrent
l'indulgence envers certains policiers-assassins qui violent la loi et qui ne
respectent pas le code de déontologie de la police.
La
campagne nationale “Police, Personne ne bouge ?!” pointe du doigt ces dérives
et plus particulièrement la mise en danger des citoyens, et le non-respect des
droits de l'Homme à travers l'utilisation de certaines pratiques et techniques
d'immobilisation lors d'interpellation ainsi que des comportements humiliants,
violents et disproportionnés, qui tendent à se banaliser, dont sont victimes des
innocents ou des justiciables.
Lors de contrôles
d'identité, ou d'interpellations, la Police applique une méthode d'immobilisation
qui dans sa pratique peut provoquer la mort : cette méthode “au corps à corps”
consiste à ce qu'un fonctionnaire de police étrangle la personne qui se trouve
au sol, pendant qu'un autre lui comprime la cage thoracique en appuyant fortement
son genou dans le dos. Cette pratique appelée aussi “clé d'étranglement” entraîne
l'immobilité, la suffocation, de graves lésions qui peuvent provoquer alors des
conséquences irréversibles quand ce n'est pas la mort.
Dans
d'autres affaires, similaires, plusieurs interpellations ont conduit à la mort,
notamment celle de Sydney Mamoka (Tourcoing, 1998), Lamine Dieng (Paris XXème,
2007), et plus récemment Hakim Ajimi (Grasse, 2008). Ces interpellations violentes
ne justifient en rien la légitime défense, ne peuvent rester sans suite et impunies.
Toutes ces morts violentes impliquant une responsabilité policière ont comme point
commun : la méthode d'interpellation employée !
Nous
rappelons que cette méthode est interdite en Suisse, Belgique, Allemagne, à New-York
et Los Angeles, et qu'elle a valu à la France une condamnation par la Cour européenne
des droits de l'homme (CEDH) dans un arrêt du 9 octobre 2007 à la suite d'un décès
en 1998. La CEDH avait déploré à l'époque "qu'aucune directive précise n'ait été
prise par les autorités françaises à l'égard de ce type de technique d'immobilisation".
Par ailleurs, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) a, dès
2002, demandé à la France d'éviter son utilisation.
Malgré
cela, c'est cette même technique d'immobilisation qui a encore causé récemment
la mort à un jeune homme de 22 ans, Hakim Ajimi (Grasse, mai 2008) alors qu’il
était ménotté aux pieds et aux mains dans les premières minutes de son immobilisation.
Il sera maintenu au sol et étranglé pendant 15 à 30 minutes…
Par
conséquent :
1. Nous réclamons l'interdiction
immédiate de la technique d'immobilisation enseignée et pratiquée par la police
qui consiste à effectuer une "clé d'étranglement" compte tenu des risques reconnues
qu'elle comporte ;
2. Nous demandons
à ce que soit initiée la création d’une commission d’enquête parlementaire sur
l’utilisation de la technique d’immobilisation par la police, qui consiste à pratiquer
une clé d’étranglement lors d’une interpellation ;
3.
Au cours de cette campagne, nous appellerons toutes celles et ceux qui le souhaitent
à créer un outil national pour agir, s'organiser contre les violences policières
et réclamer une inspection indépendante de la police en parallèle des services
existants.
A L’INITIATIVE DU FORUM
SOCIAL SOCIAL DES QUARTIERS POPULAIRES (FSQP), AC LE FEU, OLIVIER BESANCENOT /
NPA, MOUVEMENT DE L’IMMIGRATION ET DES BANLIEUES (MIB), BOUGE QUI BOUGE, DIVERCITE,
COLLECTIF LAMINE DIENG, DROIT DE CITE, MRAP ET COMITE JUSTICE POUR HAKIM ADJIMI