Nous
allons essayer de relater brièvement les circonstances qui ont amené la dissolution
du bataillon des voltigeurs motocyclistes suite à la mort de Malik Oussekine,
jeune étudiant franco-algérien de 22 ans. Sa mort a été provoquée par un passage
à tabac que lui ont administré deux membres de ce bataillon, le brigadier-chef
Jean Schmitt (53 ans) et le gardien de la paix Christophe Garcia (23 ans). Ce
corps de police avait été instauré en 1986 par Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur
du gouvernement de la première cohabitation. Un témoignage en rend bien le portrait
: « Les voltigeurs sont des policiers montés à deux sur une moto tout terrain.
L’un conduit, l’autre est armé d’une matraque. Ils ont pour objectif de « nettoyer
» les rues après les manifestations. Ils se déplacent rapidement grâce à leurs
motos et, de ce fait, peuvent surprendre et appréhender les « casseurs ».
Depuis le 25 novembre 1986, un mouvement étudiant et lycéen s’organise et manifeste
son opposition massive au projet Devaquet. Plusieurs manifestations se terminent
par de graves affrontements avec la police et de nombreux blessés sont à déplorer.
Le 06 décembre, après une grande manifestation, les étudiants occupent la Sorbonne.
L’université est évacuée dans le calme, mais quelques étudiants tentent d’élever
une barricade à l’angle de la rue Monsieur le Prince et de la rue Vaugirard dans
le 6ème arrondissement. Une équipe de voltigeurs est envoyée sur place où la chasse
s’ouvre à travers les rues de Paris. A minuit, Malik Oussekine, étudiant de 22
ans qui n’était pas spécialement lié au mouvement étudiant, se trouve dans la
rue Monsieur le prince alors qu’il sort d’un club de jazz. Il est pris en chasse
par des voltigeurs qui l’ont remarqué et se met à courir. Il tente de se réfugier
dans l’immeuble du numéro 20 où il tombe sur Paul Baiselon, locataire de l’immeuble
et fonctionnaire. « Je me suis dépêché de rentrer, témoigne-t-il, et il y avait
ce jeune garçon que je ne connaissais pas qui essayait de rentrer ici. Donc j’ai
laissé la porte ouverte parce que j’avais composé le code. Et j'ai essayé de refermer
la porte aux CRS mais je n'ai pas été assez fort. (…) Ils sont rentrés ici, ils
l'ont frappé ". (…) « Ils se sont précipités sur le type réfugié au fond et l’ont
frappé avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper
à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. » « Je n’ai
rien fait ! Je n’ai rien fait ! » répétait Malik. En vain. Une fois leur besogne
achevée, les voltigeurs s’en allèrent sans se soucier de l’état de Malik Oussekine.
Un journaliste et un photographe, témoins des manœuvres extérieures des voltigeurs
ayant précédées le passage à tabac de Malik à l’intérieur de l’immeuble, découvrent
son corps. L’un deux dira : « On a tapé pour rentrer, on est entré et on a découvert
Malik. Pour nous il était mort... On lui donnait déjà 40 ans, c'est dire à quel
point il avait pris des coups dans la figure. Il était méconnaissable. ». Le Samu
dépêché sur place et les soins qui lui seront administrés à l’Hôpital Cochin ne
suffiront pas à lui sauver la vie. A la suite de son décès, une information
est d’abord ouverte pour « recherche sur la cause de la mort », recherche qui,
selon un rapport d’Amnesty International, « est utilisée par les parquets pour
bloquer la constitution de parties civiles par les familles de victimes, ce qui
permet l’arrêt immédiat et légal des poursuites avec pour effet de couvrir le
policier responsable de l’acte ». Le procureur conclut ainsi le même jour que
le décès « serait dû à une décompensation cardiaque créée par l’état pathologique
rénal antérieur du patient ». Ainsi se met en place une version officielle
des faits qui attribue la mort de Malik du fait de son insuffisance rénale. Elle
trouvera un écho du côté politique par l’intervention restée tristement célèbre
de Robert Pandraud : « : Si j'avais un fils sous dyalise, je l'empêcherais d'aller
faire le con dans les manifestations. » Ici, le politique se charge d’entretenir
le doute sur la personnalité de la victime en l’associant à l’image d’un « casseur
» mais aussi sur celle de ses parents dont il pointe la responsabilité. Là, on
retrouve l’ensemble des mécanismes habituels qui se mettent en place dans la gestion
politique, judiciaire et médiatique de ce type de violences policières. Toutefois
les conséquences politiques s’enchaînent face une mobilisation impressionnante
et à l’annonce différée de l’assassinat par un policier en dehors de son service
du jeune Abdel Bebyiahia à Aubervilliers. A l’annonce du décès de Malik, Alain
Devaquet démissionne. Lundi 08 décembre 1986, Jacques Chirac annonce le retrait
du projet de réforme des universités. Et dans la foulée, le bataillon des voltigeurs
sera dissout. On peut même dire que l’usage politique de ce qui devient « L’affaire
Malik Oussekine » jouera un rôle important dans la réélection du président François
Mitterrand. Il en y ira tout autrement sur le plan judiciaire alors même que
le gardien de la paix Christophe Garcia passe aux aveux le 13 décembre, son collègue
Jean Schmitt niant en bloc. Ils seront inculpés de « coups et blessures volontaires
par agent de la force publique ayant provoqué la mort sans intention de la donner
». Au mois de janvier 1990, plus de quatre ans après les faits et après six
jours d’audience, le verdict tombe. C. Garcia et J. Schmitt sont condamnés à 2
ans et à 5 ans de prisons avec sursis pour « violence sans motif légitime par
fonctionnaire de police ». Sur le plan professionnel, de simples mesures disciplinaires
sont prises par leur administration en mettant J. Schmitt à la retraite et en
mutant C. Garcia. Ce verdict, aussi injuste soit-il et malgré le succès sur
le plan politique, et comme les verdicts d’autres « affaires » moins médiatisées,
ne doit jamais faire oublier que des mobilisations ont été nécessaires pour que
ces affaires ne restent au moins pas classée sans suite ou que des pratiques violentes
perdurent. Farid Taalba
Abattu
à Mantes-la-Jolie le 9 Juin 1991 par le policier HIBLOT, qui était YOUSSEF KHAIF
? "Youssef, c'est une grande gueule avec des dents de loup contre les injustices"
(Lakhdar Madani, organisateur de Caravane 92) Youssef est une "personnalité" du
quartier. Avec des jeunes du Val-Fourré et quelques anciens, il participait en
1989 à la création du Collectif Jeune qui lutte contre les injustices quotidiennes
que subissent les 17.000 jeunes du Val-Fourré, la plus grande cité d'Europe, avec
la volonté, la rage et l'envie de faire exploser le consensus mortel de la répression
des "cités maudites". On le verra défiler des Mureaux à Paris, manifester contre
la double-peine, participer aux réunions de Résistances des Banlieues ( un collectif
inter-cités qui donnera par la suite naissance au Mouvement de l'Immigration et
des Banlieues). Toujours en première ligne, respecté par les jeunes du quartier,
Youssef est impatient, pressé d'en découdre avec la hagra (mépris, injustice).
Avec d'autres, il tire la sonnette d'alarme sur les risques de déflagration de
la marmite-banlieue transformée en cocotte-minute. Après la mort de Aïssa IHICH
au commissariat de Mantes-la-Jolie le 27 Mai 1991, Youssef fait encore une fois
partie des plus actifs : il prend la tête des manifestations, interpelle la Mairie,
met en cause la police. Treize jours plus tard, à l'âge de 23 ans, il nous quittera
à son tour, victime de ce qu'il aura toujours combattu durant sa trop courte vie
...
L'autopsie
confirmera que Youssef a été atteint d'une balle en pleine nuque. L'autopsie précisera
qu'au moment du tir, la distance entre l'arme du flic HIBLOT et la nuque de Youssef
KHAIF est estimée entre 30 et 70 mètres ; elle est même plus proche de 70 mètres
que de 30 (extraits du rapport d'instruction). D'ailleurs, seul le policier HIBLOT
a dégainé ; les autres, à ses côtés, n'ont même pas éprouvé le besoin de sortir
leurs armes, ne se sentant nullement menacés. La famille KHAIF porte plainte
et se constitue partie civile. S’engage alors 10 ans de mobilisations pour amener
le policier HIBLOT devant la Cour d’Assises de Versaille… En Mars 2000, la
Chambre d'Accusation de Versailles reconnaît enfin le caractère illégitime des
tirs de Hiblot et décide de le renvoyer devant la Cour d'Assises des Yvelines
pour "Violences avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
DIX ANS DE MOBILISATION Pendant ces dix ans de parodie judiciaire, la famille
Khaïf, le MIB et le comité de soutien "Justice pour Youssef" n'ont jamais baissé
les bras ni cédé aux pressions. Dix ans de luttes, de réunions, de manifestations,
sans lesquelles cette affaire serait depuis longtemps enterrée dans les casiers
du non-lieu ... Comme trop souvent, la justice et les politiques ont parié sur
le temps pour que la mobilisation se relâche et que les habitants du Val-Fourré
oublient et laissent faire. Mais notre mémoire et notre détermination solide mèneront
le policier Hiblot aux Assises à Versailles les 26 - 27 - 28 septembre 2001.
Verdict d'une justice à sens unique , le 28 septembre dans la nuit....acquittement
du policier assassin! Ce verdict a au moins le merite de la clareté: c'est une
déclaration unilatérale de défiance à l'égard non seulement des jeunes, mais aussi
de tous les habitant-e-s du Val Fourré à Mantes-la Jolie, et audelà de toutes
les populations des cités populaires.
AFFAIRES
ZIED ET BOUNA
Trois
ans d’enquête et toujours pas de procès. Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans,
et Bouna Traore, 15 ans, meurent électrocutés dans un transformateur EDF de Clichy-sous-Bois
(93). Craignant un contrôle de police alors qu’ils étaient en règle et revenaient
d’un match de foot, les deux jeunes hommes s’étaient réfugiés dans le site dangereux.
Un troisième jeune, Muhittin Altun, aujourd’hui âgé de 20 ans, avait été grièvement
blessé. Ce drame avait été à l’origine des trois semaines d’émeutes en banlieue
fin 2005.
Trois ans plus tard, le dossier judiciaire n’est toujours pas bouclé et les familles
des victimes se disent « inquiètes » que l’on « essaie de l’enterrer », selon
un proche cité par l’AFP. Deux policiers ont été mis en examen en février 2007
pour non-assistance à personne en danger : un gardien de la paix qui a vu les
jeunes s’approcher du site EDF et qui a dit à la radio « je ne donne pas cher
leur peau », et la standardiste du commissariat de Livry-Gargan. Tous deux sont
passibles de cinq années de prison.
Un
premier juge d’instruction a clos l’enquête il y a 20 mois, en vue d’un renvoi
devant un tribunal. Entretemps, une seconde juge a repris l’instruction fin 2007,
et souhaite organiser prochainement un « dernier transport » sur les lieux pour
vérifier « l’emplacement précis » de Muhittin Altun. Un « culte du détail » dénoncé
vendredi par Jean-Pierre Mignard, l’avocat des familles, comme un « retard supplémentaire
» et un « pur scandale ».
AFFAIRE LAMINE DIENG
CE
JEUNE FRANCAIS DE 25 ANS EST MORT PENDANT UNE INTERPELLATION PAR 8 POLICIERS DU
20EME LE 17 JUIN 2007 A 4H30 DU MATIN DANS LA RUE DE LA BIDASSOA PARIS 20EME ARRONDISSEMENT.
Ces policiers appelés pour une « dispute », ont déclaré avoir trouvé lamine
« allongé sous un véhicule en stationnement devant l’hôtel Nadaud » La lecture
du dossier révèle que lamine a été ligoté avec des menottes aux poignets, un bras
passé par-dessus l’épaule et l’autre dans le dos, et des liens de contentions
aux chevilles. Que s’est-il VRAIMENT passé dans ce car de Police ? La
famille a été prévenue par téléphone 36h APRES le décès. Comment se fait-il que
la mairie a dressé l’acte de décès 8h avant d’avertir la famille ? Le visage
de LAMINE portait des blessures infligées – par qui ? Pourquoi la Lamine n’a-t-elle
jamais pu voir le corps de Lamine ? Suite à la plainte déposée par la famille,
une information judiciaire a été ouverte le 10 juillet 2007, la famille et le
collectif de soutien attendent toujours qu’un juge d’instruction soit nommé….
LA FAMILLE LANCE UN APPEL A TEMOINS... POUR CONNAITRE TOUTE LA VERITE
et qu’ENFIN JUSTICE soit rendue !!!!! Adhérer adresse email : collectif-laminedieng@hotmail.fr
Infos sur le blog : http://coucxx.skyrock.com Et signer la Pétition en ligne :www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1298
AFFAIRE
AISSA IHICH
Samedi
25 Mai 1991, vers 22 heures, des jeunes sont refoulés de la patinoire de Mantes
La Jolie où se donnait une soirée d'une association sportive proche de la police.
Les jeunes passablement énervés par des contrôles systématiques depuis une semaine
s'en prennent aux voitures des convives et aux véhicules de police stationnés.
La police est appelée en renfort. S'ensuivent jets de pierres et batailles rangées.
Le Préfet emploiera les grands moyens en ordonnant aux compagnies de CRS (déjà
présentes sur Mantes) et aux effectifs de la police urbaine d'encercler le quartier,
lui donnant des allures de camps retranchés. Vers 23 heures un groupe de sept
policiers s'engouffrent dans une allée à la poursuite des jeunes qui viennent
de lancer des pierres sur une voiture de police. Les jeunes se mettent tous à
courir.
Aïssa IHICH, 19 ans,
qui rentrait chez lui, prend peur et se met lui aussi à courir. Des policiers
le poursuivent et le plaquent au sol. C'est là que, selon le témoignage d'un CRS
qui devra s'interposer, Aïssa est passé à tabac à coup de matraque et de manche
de pioche par 2 policiers de la police urbaine. Les policiers frappent sans voir,
Aïssa crie " Ne me frappez pas, je n'ai rien fait, je suis asthmatique ! ". Des
CRS interviennent alors qu'Aïssa est traîné vers le panier. Quelques coups de
pieds lui sont encore assénés par les hommes de la police urbaine.
Sur
le procès verbal enregistré au commissariat, les policiers consigneront les accusations
d'Aïssa qui désignent précisément les policiers qui l'ont frappé. Les policiers
affirment eux n'avoir employé que la force nécessaire et suffisante à l'interpellation.
En effet, dans le rapport d'interpellation d'Aïssa, la police urbaine revendiquait
l'arrestation. Plus tard, elle s'en déchargera sur les CRS. Les témoignages ont
établi qu'Aïssa a fait état lors de sa garde à vue de la forme grave d'asthme
dont il souffrait et que ses parents se sont présentés, en vain, au Commissariat
pour fournir les médicaments indispensables. Conformément au code de procédure
pénale, les policiers s'en sont remis à l'examen d'Aïssa, en faisant appel à un
médecin, le docteur PEROL, qui a estimé que l'état d'Aïssa est " compatible avec
toute mesure de garde à vue ".
Aïssa
apprend le dimanche 26 mai qu'il sera déféré au Parquet de Versailles pour y être
inculpé de "jets de pierres sur agent de la force publique". Jusqu'ici, c'est
banal et c'est la triste réalité des pratiques policières dans les cités périphériques.
Malheureusement, Aïssa décède d'une crise d'asthme aigue, le lundi 27 mai au matin.
Pour la police, c'est une mort naturelle provoquée par le stress. Pour la famille
IHICH, cette crise a été provoquée par le tabassage d'Aïssa. La famille se porte
partie civile et demande que les policiers tabasseurs soient mis en examen pour
"coups et blessures volontaires", ce que le juge CHARPIER refusera pendant toute
l'instruction, considérant que les les policiers n'ont pas outrepassé leurs droits.
Cette assertion sera démentie par d'éminents spécialistes qui concluent en 1992
que des coups ont bien été portés et qu'ils ont contribué à la crise fatale. En
septembre 1996, le juge CHARPIER (qui se sera comporté pendant toute l'affaire
comme l'avocat de la police) rend un arrêt de non-lieu pour les policiers et renvoie
à la responsabilité du Dr Pérol pour "négligence médicale".
AFFAIRE
SYDNEY MANOKA
Sydney
Manoka Nzeza est mort 6 novembre 1998 à Tourcoing (Nord) après une interpellation
accompagnée de violences. L’autopsie a conclu que la mort résultait d’un « processus
asphyxique par compression thoracique ». Le 5 juillet 2000, deux policiers de
la BAC ont été reconnus coupables d’homicide involontaire et condamnés par le
tribunal correctionnel de Lille à une peine symbolique de sept mois d’emprisonnement
avec sursis. Ils ont été relaxés, ainsi que leurs trois collègues, du chef de
non-assistance à personne en danger. La famille de la victime et les parties civiles
ont protesté contre la clémence du jugement. L’avocat de la famille a annoncé
son intention d’interjeter appel. En mars 2001, la cour d’appel de Douai a confirmé
les condamnations à des peines assorties du sursis.
Amnesty
International
Le 6 novembre 1998,
Sydney Manoka, jeune zaïrois, marié et père d'un enfant, rentre à son domicile
en rollers en fin d'après-midi. Derrière lui, un automobiliste s'impatiente, klaxonne
et fait des appels de phares. Excédé, Sydney donne un coup dans son rétroviseur
et poursuit son chemin.
Une voisine connaissant
l'automobiliste et le sachant fonctionnaire de police à la retraite, appelle le
commissariat de Mouveaux et affirme : " venez vite, un de vos collègues à des
difficultés ". Un premier policier arrive dans le secteur et retrouve Sydney poursuivant
sa route. Celui-ci admet avoir eu une altercation avec un automobiliste à deux
pas de là et se propose de le rejoindre pour faire un constat à l'amiable. Les
policiers lui demandent de monter dans leur véhicule. Sydney refuse, arguant du
fait qu'il suffit qu'il rejoigne l'automobiliste en rollers, suivi par le policier
s'il le désire.
Très vite, la situation dégénère,
le fonctionnaire de police, " Laurier 44 ", tente d'attraper Sydney par le bras
et le déséquilibre. Pendant ce temps, les appels radios continuent et deux membres
de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) se rendent sans plus attendre sur les lieux
du… bris de rétroviseur. Lorsqu'ils arrivent, Sydney est en train de tenter de
se relever. Un homme au sol, rollers aux pieds, accusé d'avoir cassé un rétroviseur
et présentant, en outre, l'indubitable singularité d'être noir de peau, telle
est la situation que " Laurier 15 " et " Laurier 22 " jugent dangereuse. Ils interviennent
de suite, plaquant Sydney au sol et tentant de lui passer les menottes. Sydney
se débat. Les policiers pèsent alors de tout leur poids sur l'individu plaqué
au sol (sur le dos et sur les jambes), le menotte aux poignets et aux chevilles,
aidés en cela par… le retraité de la police venu donner un coup de mains à ses
" collègues ". Sydney ne se débat plus, il ne dit plus rien : il vient d'étouffer.
Les policiers mettent alors le corps dans un car - lequel vient d'arriver sur
les lieux - et l'emmène au commissariat de Tourcoing. A 19H19, les pompiers arrivent
et constatent la mort de l'interpellé.
>
Le procès
Le procès des cinq policiers
mis en cause dans cette sordide affaire se tenait le 25 avril dernier au TGI de
Lille. Deux d'entre eux étaient accusés d'homicide involontaire et les trois autres
de non assistance à personne en danger ; chefs d'inculpations ne permettant pas
à notre association de se porter partie civile.
Dans
la salle d'audience, l'ambiance est tendue : la famille de la victime (Virginie,
sa veuve, mais aussi sa mère, ses frères et ses sœurs venus spécialement du Zaïre)
ne trouve plus de place pour s'assoir, les policiers étant venus en nombre pour
soutenir leurs collègues. Il faudra leur demander à plusieurs reprises de laisser
un peu de place aux parties civiles avant qu'ils ne s'exécutent… Une dizaine de
membres de notre Mouvement est là pour soutenir Virginie dans cette dramatique
situation.
Très vite, le Procureur de la République
donne le ton. Selon lui, et contrairement à ce qui a été dit dans les médias et
colporté par certaines associations, il ne saurait être question de racisme dans
cette affaire, la preuve : les policiers inculpés ont d'excellents états de service
et l'un d'entre eux pousse même le zèle jusqu'à souffrir d'une dépression depuis
les faits.
> Un réquisitoire scandaleux
Dans ces conditions, difficile d'être
étonné par son réquisitoire de fin de journée. Le Procureur ne voit dans cette
affaire d'homicide que " négligences " et " dérapages ". Il ne réclame, en conséquence,
que 12 mois de sursis pour les deux fonctionnaires inculpés d'homicide involontaire
et 10 mois avec sursis pour les trois policiers inculpés de non assistance à personne
en danger. D'un côté, il y aura eu un mort pour un bris de rétroviseur et de l'autre,
des peines symboliques et la liberté pour les responsables de cette mort.
MRAP
AFFAIRE
LAMBA SOUKOUNA
Le
08 Mai 2008 dernier vers 23h30, notre quartier, La Fontaine Mallet à VILLEPINTE
a connu une nouvelle descente des forces de police du commissariat de Villepinte
particulièrement violente. Sans motif légal apparent, ils se sont livrés à une
véritable chasse à l’homme : au moyen de « grenades de dispersion », ils ont ouvert
le feu sans sommation, chargeant puis dispersant les habitants qui étaient restés
tranquillement dehors. Cette expédition punitive s’est soldée par la grave agression
de LAMBA SOUKOUNA, alors qu’il rentrait tranquillement chez lui. Celui-ci a été
frappé à coup de crosse et de flashball à la tête causant une ouverture de 3 cm,
par un brigadier en présence de 3 autres « collègues ». Après
l’avoir passé à tabac, il est menotté puis placé en garde à vue alors qu’il n’a
commis aucun délit. En cellule, Lamba est victime d’une crise car il souffre d’une
maladie grave appelée LA DREPANOCYTOSE. Malgré ses demandes répétées, dû à son
état de santé nécessitant la prise quotidienne de médicaments lourds, les policiers
font la sourde oreille. C’est grâce à la seule intervention des pompiers de Tremblay
- en - France, qu’il sera transporté à l’hôpital Robert Ballanger. Les médecins
et le personnel médical qui le connaissent bien, le mettront à l’abri et en sécurité,
au vue de son bilan de santé : 3 points de sutures au niveau du front, 6 jours
d’ITT avec certificat du médecin attestant les coups reçus.
D’autres
dans notre cité comme dans tous les quartiers populaires ont à subir le racisme,
le harcèlement, le passage à tabac, quand ce n’est pas les balles de ces soi-disant
« gardien de la paix », comme le montre dernièrement l’interpellation policière
à Grasses qui s’est soldée par la mort du jeune Hakim Ajimi. La police « républicaine
» jouit dans les faits d’une impunité totale, où trop souvent la Justice s’en
fait l’avocat. Le 08 Mai dernier n’est pas un
dérapage, cela arrive tous les jours dans le « pays des droits de l’homme » !
Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée – l’enquête IGPS
est en cours…affaires à suivre…
Comité
de soutien à Lamba Soukouna - Mail : justicepourlamba@yahoo.fr
AFFAIRE
REDA SEMMOUDI
Mardi
8 janvier 2008, Reda Semoudi, habitant de Noisy-le-Sec, est décédé dans des conditions
troubles impliquant des policiers, lors d’une perquisition à son domicile au quartier
du Londeau. Jusqu’à maintenant, la seule version qui a été rendue publique,
et reprise par la Justice et certains médias, est celle de la Police. Selon cette
version, lors de la perquisition à son domicile, encadré par trois policiers,
Reda, menotté dans le dos, aurait donné un « coup de tête » à l’un des trois policiers
qui se trouvait dans l’appartement. Il aurait alors réussi à échapper à la vigilance
des deux autres policiers, à partir dans une chambre située à proximité, et tout
en étant toujours menotté aurait alors réussi à ouvrir une porte fenêtre difficile
d’accès et d’ouverture, et se serait jeté du 9ème étage. Comment croire cette
version invraisemblable ? Comment, alors qu’une enquête est à peine en cours,
des conclusions (suicide) relatives aux circonstances de la mort de Reda Semoudi
peuvent-elles déjà être annoncées et diffusées par voie de presse par la justice
?
Nous
n’acceptons pas ces versions que nous estimons mensongères !
Reda
était père de famille, lui et sa femme attendaient un enfant, il était aimé par
les siens, ses proches et ses voisins, il n’a jamais été condamné par la justice.
La famille et le comité de soutien exigent toute la vérité et la justice, et continueront
à se battre pour ! Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée….l’affaire
suit son cours…toujours en attente d’un juge d’instruction…
Contact
: comitedesoutien.redasemoudi@gmail.com
AFFAIRES
DAMMARIE LES LYS
RETOUR
SUR UN MOUVEMENT DE RESISTANCE COLLECTIVE FACE AUX CRIMES POLICIERS
17
décembre 1997 Abdelakader Bouziane est assassiné par un policier de la
Bac à Fontainebleau.
23
mai 2002 Mohamed Berrichi décède suite à une course poursuite avec la
Bac à Dammarie-les-lys. 24h avant, c’est un
autre jeune de Dammarie qui perd la vie, victime d’une balle dans la tête tiré
par un policier.
A Dammarie-les-lys,
un mouvement de résistance collective s’est constitué petit à petit entre 1998
et 2002 autour des 2 affaires où deux jeunes du quartier de la Plaine du Lys sont
morts, l’un tué d’une balle dans le dos ( cf affaire Abdelkader Bouzian, dec.1997),
l’autre (cf : Mohamed Berrichi 2002) lors d’une course poursuite avec la BAC.
Des émeutes de 1997 à la mobilisation politique de 2002, les pouvoirs publics
semblent préférer la situation de 1997 dont le scénario était attendu, les sauvages
d’un côté les tenants de l’ordre Republication de l’autre. En 2002, une répression
ciblée a été montée par des policiers de Dammarie sous l’œil complice et bienveillant
du Maire M. Mignon et du Procureur de la République de Melun…
A
suivre...
AFFAIRE
HAKIM AJIMI
COMMENT
ILS ONT ASSASSINE ABDELHAKIM… Vendredi 09 mai 2008 à 16h00, la police nationale
de Grasse a passe à tabac ABDELHAKIM AJIMI, un jeune homme de 22 ans pour avoir
manifesté son mécontentement auprès des agents d’accueil de sa banque à cause
d’un problème de virement. Pour cela, le directeur a entreprit de prévenir la
police pendant que HAKIM, rentrai chez lui. C’est alors que 2 agents de la
BAC rejoints par 4 municipaux l’ont brutalement interpellé à 200 m de chez lui,
lui fracassant la tête contre une vitrine (double vitrage), tandis que l’un le
maintenait par la cou, l’autre le tenant par les pieds les 4 autres l’ont roué
de coups de pieds et de coups de poings, tout cela menotté les bras derrière le
dos. D’après plusieurs témoignages lorsque l’agent à enfin lâché pris, HAKIM
est tombé mort sur le sol. Menotté aux mains et aux chevilles, plaqué au sol sur
le ventre, un policier agenouillé sur ses épaules et ses reins, un second lui
tenant les pieds, un troisième lui faisant une clé d’étranglement pendant 10 à
20 minutes comme le décrivent prés de 16 témoins, ABDELHAKIM, décédera d’un arrêt
cardio-respiratoire consécutif à une asphyxie lente. Pendant qu’un des agents,
blessé à l’épaule d’avoir trop frappé, est transporté d’urgence à l’hôpital par
les pompiers, le corps de HAKIM, lui, est jeté dans le véhicule de la police chargé
comme un sac à patate. Selon le témoignage de Leïla PICOUT, les pompiers ont voulut
intervenir pour lui porter secours, mais les policiers les ont repoussés. Ce n’est
qu’après 2 longues heures que la police entreprend de téléphoner au père de la
victime, pour lui annoncer le décès de son fils, dit « mort au commissariat »!
ou selon la commissaire pendant le trajet. Ajoutons que l’un des témoins a filmé
la scène sur son téléphone portable, et qu’il a été interpellé sur le champ. En
sortant du commissariat, le témoin était amnésique, et ne possédait plus de téléphone
sa mère disant même qu’il été à la plage… Déjà interdite en Belgique et en
Suisse, cette méthode d’immobilisation a déjà valu à la France d’être condamnée
par la Cour Européenne des droits de l’homme, suite au décès d’un autre homme
à Toulon en 1998. Face à la multiplication des violences policières, n’est-il
pas temps de prendre les mesures judiciaires qui s’imposent ?
Mauvaise
journée entachée par le meurtre d'hier après-midi lâchement commis par nos gardiens
de la paix, gardiens de la paix ou meurtriers assermentés, meurtre en réunion,
meurtre en bande organisée, la haine de nos gardiens de la paix exprimée sur HAKIM
paix à son âme, en ce jour disparût, laissant les larmes de sa mère et l'impuissance
de son père sans échos et dans la plus grande solitude; la haine de ses deux petits
frères, le désarroi de sa petite soeur et l'incompréhension de l'injustice perpétrée
par ces bourreaux-délinquants de la police maltraitent leurs consciences si innocentes.
Sur les faits qui on suivis ; l’inspecteur de l’ IGPN confirme que les procès
verbaux de police et les témoignages des passants coïncides quand au déroulement
de l’intervention de force de la police. Ce qui aujourd’hui préoccupe le plus
sa famille c’est de savoir pourquoi les agents de police n’ont pas cessé l’intervention
musclée au moment ou HAKIM avait perdu conscience et pourquoi n’ont-ils pas appelé
les services de secours d’urgence pour lui porter les soins nécessaires ? Les
résultats finaux de l’autopsie datant du 9 septembre 2008 concluent bel et bien
au fait que le décès de Abdelhakim est consécutif à une asphyxie lente liée à
une compression thoracique violente et continue, ainsi qu’à d’importantes lésions
cérébrales et des hémorragies « peri-oculaires et rétiniennes »… Nous savons
que les conclusions de cette autopsie qui engagent et accusent la responsabilités
des policiers qui ont menées cette interpellation criminelle sont liées aux mobilisations
organisées par sa famille, ses ami-e-s, et le collectif de soutien. Comment
accepter, dans cette affaire comme dans trop d’autres, que ce qui relève de la
Vérité « objective » devient une lutte ? …le combat contre l’impunité policière,
contre la complicité judiciaire qui trop souvent s’en suit, est loin d’être fini–
il faut continuer le combat, résister, pour emmener ces policiers devant un tribunal,
continuer le juste combat pour la Vérité et la Justice ! La famille et les
proches de AbdelHakim ont besoin de soutien – nous devons être solidaire, l’histoire
de ces morts violentes le montre, rien n’est possible sans solidarités, et quand
l’injustice voudrait nous amener à l’impuissance – nous résistons !
Le
Comité Justice pour Hakim Ajimi
AFFAIRE
MAKOME
Huit
ans de prison pour avoir « accidentellement » tué Makomé.
Après
seulement 1 h 30 de délibéré, la cour d’assises de Paris a considéré, hier soir,
que l’inspecteur Pascal Compain n’a pas voulu tuer Makomé et l’a condamné à huit
ans de réclusion criminelle, alors que le parquet avait requis au moins dix années.
Il y a d’abord un lourd silence. Puis un cri : « Merci la justice française !
Merci la République ! » Hier, c’est par la colère que le public, venu nombreux,
a accueilli le verdict de la cour d’assises de Paris, qui condamne Pascal Compain
a huit ans de réclusion criminelle, non plus pour meurtre, mais pour « violences
volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ».
Ce qui s’est passé le 6 avril 1993, ce tir « à bout touchant appuyé » décrit par
les experts, ne serait rien plus aujourd’hui qu’un accident. Une « bavure ». Car,
à la question « l’accusé est-il coupable d’avoir volontairement donné la mort
? », les jurés ont répondu « NON ». Ces six femmes et ces deux hommes ont
pourtant eu en main le Manhurin d’où est parti la balle qui a traversé le crâne
du jeune Makomé, alors qu’il était assis sur une chaise du local de « ramassage
» du commissariat des Grandes-Carrières, à Paris. La veille, à la demande de l’avocat
général, ils l’ont soupesé, ont forcé de leurs pouces sur le chien pour l’armer,
ont pressé fort leur index sur la détente pour tirer, ont pu constater l’effort
nécessaire pour rendre le revolver meurtrier. « Au moins six kilos », avait expliqué
un expert. « 1,5 kilo si le chien est déjà armé. » Après une ultime journée consacrée
au réquisitoire et aux plaidoiries de la défense, ils ont pourtant considéré que
le coup est parti tout seul. Tout du moins que l’inspecteur n’a jamais eu l’intention
de tuer. Mes Jean-Yves Lienard et Philippe Lemaire, défenseurs du policier,
dans l’impossibilité de nier la responsabilité de leur client, s’étaient efforcés
d’expliquer que « cet homme a pété les plombs face à un jeune insolent ». Dans
de grands gestes, Me Lienard, le premier, avait enjoint le jury à ne pas se laisser
embarquer « dans un procès que certains voudraient exemplaire », soutenant : «
La victime se serait appelée Ben Mohammed ou Dupond, le drame se serait produit.
On est là dans la brisure momentanée d’un policier qui, pour être policier, n’en
est pas moins fait de la même pâte que les autres et peut craquer. » Certes, mais
les autres n’ont pas le pouvoir de retenir dans une pièce un adolescent en lui
braquant une arme entre les deux yeux. Les autres ne sont pas supposés avoir été
formés pour garder leur sang-froid devant des personnes agitées. Les autres ne
sont pas soumis à un règlement qui leur interdit de faire usage de leur arme de
service lorsque aucune vie n’est menacée. Alors, comment ne pas comprendre
la colère du père de Makomé, qui, lundi encore, se disait « confiant en la justice
», et résumait, hier soir : « Quand on est Noir et qu’on vole un paquet de cigarettes,
on mérite la peine de mort. Quand on tue un jeune voleur de cigarettex et qu’on
est blanc, on retourne juste un peu en prison. » Pascal Compain ayant, en effet,
déjà effectué trois ans de détention, est libérable dans un an. Pour le dernier
jour de son procès, il avait ressorti la chemise bleu police qu’il portait au
premier jour d’audience. Les yeux battus, les mains accrochées à son box, ce n’est
pas à la famille de Makomé qu’il s’est adressé, avant que les neuf jurés ne se
retirent pour délibérer. Cette fois, il ne demande pas pardon à sa mère. Il n’a
peut-être même pas remarqué que son père est sorti. C’est à la société qu’il veut
parler. A ceux et celles qui vont le juger, il tient à dire : « Même si je n’ai
jamais voulu, ni désiré un tel drame, je sais qu’il est mort à cause de moi. C’est
très lourd à porter la mort de quelqu’un, surtout quand on est policier. Puisse
le drame servir. Si un jour un policier manque de sang-froid et voit son arme,
qu’il se rappelle ce qui est arrivé, qu’il se souvienne… que cela n’arrive plus
jamais. » A cet instant, on ne peut que se souvenir qu’au mois d’avril 1993,
par au moins quatre fois, c’est arrivé. Mais c’est un homme, et un seul, que le
jury populaire parisien avait à juger. Reste que lorsqu’il prononce ces ultimes
paroles, on ne peut s’empêcher de se retourner vers les premiers rangs du public.
A quoi pensent ces jeunes femmes noires, assises côte à côte, qui ont enfilé un
tee-shirt blanc et jaune sur lequel est imprimé le visage de « Mako », les yeux
à jamais fermés ? Sur ce tee-shirt, deux lignes en lettres rouges clament « Que
justice soit faite » et implorent « plus jamais ça ». A l’extérieur de la salle
d’audience, devant les quelques marches qui mènent à la cour d’assises, un jeune
d’origine zaïroise est fier de dire : « C’est moi qui les ai fait imprimer. Ça
m’a coûter 2.200 balles. Je suis au chômage. Mais pour lui, je suis prêt à crever.
» Bluff ou menace ? A l’heure où le jury devait se prononcer sur la peine à infliger
à l’inspecteur meurtrier, les jeunes avaient peur que la mort de leur copain ne
soit pas réparée. Brandissant des affichettes pour dire que Makomé n’est pas la
seule victime d’une « bavure » policière, que bien d’autres vies ont été fauchées,
et aucun MEURTRE condamné, ils manifesteront après le verdict, avant d’être poussés
dehors par une centaine de gendarmes. « Quand on entend un policier de la
police judiciaire dire devant une cour d’assises : « J’ai voulu le braquer »,
on reste effrayé », avait insisté, dans son réquisitoire, l’avocat général, Michel
Laudet, avant de requérir « une peine qui ne soit pas inférieure à dix ans de
réclusion criminelle ». Une sanction qui a donc été ramenée à huit ans, mais qui
était déjà modérée pour un meurtre. Surtout lorsqu’on la met en regard avec les
douze années requises, il y a à peine quinze jours, pour « coups et blessures
volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner », contre deux
des trois hommes qui ont tué le jeune Djamel Chettouh, sur le parking de l’Euromarché
de Sartrouville, en mars 1991. Mais eux étaient vigiles. Compain est policier.
L’avocat général n’a pourtant pas fait mine de le négliger. Lorsqu’il prend la
parole le premier de la journée, le représentant du ministère public ne cherche
pas de circonstances atténuantes à l’accusé. Au contraire. Il assure : « Si les
médias qualifient souvent de bavures les incidents, et parfois les drames, mettant
en scène des policiers, ici, c’est bien d’un crime qu’il s’agit. Le crime d’un
homme et c’est cet homme qui comparaît. » Puis, précise : « Lorsqu’un homme tue
par balle un jeune retenu illégalement dans un commissariat, après avoir contourné
son bureau, saisi son revolver, s’être mis en situation de donner la mort et avoir
pressé sur la queue de la détente avec force, c’est un homicide volontaire. Sinon,
il n’y aura plus en France que des accidents. » Le jury populaire de la cour
d’assises de Paris n’en a pas voulu ainsi. On se souviendra que, juste avant que
le coup de feu ne parte, des policiers, dans le bureau mitoyen de celui de Compain,
avaient entendu Makomé crier : « Arrêtez, vous n’avez pas le droit ! »